Michel Fourniret et Monique Olivier, les chasseurs des Ardennes
Par Virginie Ikky,
Le 29 mars 2009
2003, la France se découvre un Marc Dutroux français, soupçonné de plusieurs enlèvements et meurtres. Pire, un couple : Michel Fourniret et Monique Olivier, qui formaient un duo de criminels en série liés par un pacte sordide, ayant prémédité et organisé l'enlèvement et le meurtre de plusieurs jeunes femmes. Qui sait aujourd'hui ce qu'ils ont vraiment commis, car cette affaire laisse un violent arrière-goût d'inachevé, au regard de la longue période, entre 1990 et 2000, durant laquelle les enquêteurs n'ont pu leur imputer aucun crime jusqu'à présent. Sentiment de honte également au vu du traitement infligé à certaines des disparitions de ce dossier, pour lesquelles la justice a manifesté peu de considération.
Michel Fourniret passe une enfance très dure dans les Ardennes de l'après-guerre, auprès d'une mère perverse qui aurait été incestueuse. Aux psychiatres qui l'interrogent sur sa mère, Michel Fourniret reste énigmatique et les renvoie aux lectures de Poil de carotte et de Vipère au poing. Il a mentionné dans ses lettres écrites en prison à Monique Olivier que sa mère s'en prenait à lui. Il a une sœur et un frère ainés, et se décrit comme un enfant obsédé par la pureté et la sainte vierge. Son père travaille comme ouvrier métallurgiste à Sedan. Il est alcoolique et divorcera de sa femme en obtenant la garde de ses trois enfants, en raison de la santé mentale très dégradée de son épouse. A l'école, Fourniret est un associal voleur et menteur, il se fait battre par ses camarades. Bien qu'issu d'un milieu modeste et exerçant des métiers manuels, Michel Fourniret est très cultivé et passionné par la littérature. Il a une haute opinion de lui-même.
Il se marie en 1964 et a son premier enfant. En 67, il est une première fois condamné à de la prison avec sursis pour agressions sur mineures. Sa femme demande le divorce. En 70, il se remarie, mariage qui sera suivi de la naissance d'un fils, puis de jumelles. Entre 1966 et 1973, Michel Fourniret est condamné pour des faits de voyeurisme et de violence. Arrêté pour un attentat à la pudeur en 1984, il en avoue spontanément une dizaine d'autres. Il théorise totalement son passage à l'acte qui lui paraît tout à fait dans l'ordre des choses. Sa première épouse n'était pas vierge et il ne s'en est jamais remis. Il est en quête de l'immaculé, de jeunes filles vierges. Sa première épouse lui a menti, ce qui justifie les agressions qu'il va commettre. Il est donc incarcéré le 25 mars 84 pour une dizaine d'agressions et de viols sur mineures et le 26 juin 1987, est condamné par la cour d'assises de l'Essonne à cinq ans d'emprisonnement fermes, assortis de trois ans de mise à l'épreuve.
Sa seconde épouse demande le divorce. Lors de son procès d'assises, il est décrit par l'expertise psychiatrique comme "un homme dangereux, obnubilé par le fantasme de la virginité chez ses victimes" et "ne réalisant pleinement son caractère antisocial que devant la résistance de celles-ci". L'expert a indéniablement vu juste mais la justice est bien clémente. Il faut dire qu'avec son physique passe-partout, Fourniret donne l'image d'un pauvre bougre et peut se targuer, en plus, d'assumer ses actes. Son côté prédateur échappe complètement à la justice. Et le suivi promis à sa sortie de prison n'a guère été efficace.
C'est en octobre 1987, à sa sortie de Fleury-Mérogis, que Michel Fourniret s'installe à Saint-Cyr-les-Colons, un village proche d'Auxerre. Pendant sa détention, il a connu Monique Olivier, rencontrée par une petite annonce passée dans un journal catholique. Leur histoire commence en décembre 1986. Monique Olivier est garde-malade dans le sud. Chez une handicapée, elle feuillette Le Pèlerin et lit une annonce «Prisonnier aimerait correspondre avec une personne de tout âge pour oublier solitude.» Elle écrit au matricule 130655S à Fleury-Mérogis, Michel Fourniret. Elle devient sa Natouchka. Lui, Shere Khan, le tigre du Livre de la jungle. Ils correspondent rapidement de manière passionnée. Rien de bien bizarre à ça, les détenus et particulièrement les agresseurs de femmes ont souvent du succès, comme Guy Georges, qui a des fans depuis sa prison. De nombreuses femmes éprouvent une attirance irrépressible pour ces hommes. Monique Olivier soufre certainement d'hybristophilie, c'est à dire une attirance vers les hommes violents, particulièrement les hommes violents avec les femmes. Fourniret écrit de longues lettres à sa Natouchka. La suite sera en revanche beaucoup plus anormale.
Monique Olivier a grandi auprès d'un père peintre en bâtiment et d'une mère alcoolique. Elle épouse un directeur d'auto-école, André Michaux, qui selon elle lui faisait vivre l'enfer parce qu'il était violent, qu'il lui voyait des amants partout, et qu'il l'a même forcée, un jour, à faire une fellation à un inconnu. Au procès, Michaux démentira tout net accusant Monique Olivier d'avoir enchainé les amants et d'être folle. Quoi qu'il en soit, Monique Olivier veut le faire tuer et conclut un pacte avec Fourniret : La mort de Michaux et en échange, Monique Olivier s'engage à lui fournir de jeunes vierges.
Le couple habite une maison qui appartient au beau-père de Fourniret, décédé deux ans plus tôt à Saint-Cyr-les-Colons. Fourniret est un homme discret, vivant de petits travaux de maçonnerie au noir. Personne ne croise en revanche Monique Olivier à qui Fourniret impose un véritable enfermement physique et psychologique. Elle ne sort jamais et reste pour les voisins un véritable fantôme.
Le 11 décembre 1987, Monique Olivier est au volant, son compagnon assis sur le siège passager. Il demande à Monique d'aborder une collégienne, Isabelle Laville, pour lui demander son chemin. Fourniret descend du véhicule afin de se faire passer pour un auto-stoppeur en panne d'essence. La jeune fille accepte de l'accompagner et Monique prend ensuite Fourniret en stop. Ils retournent à Saint-Cyr-les-Colons. Fourniret entraîne sa victime dans une chambre à l'étage de la maison. Il tente de violer la jeune fille mais a un blocage. Fourniret décide alors de la tuer. Le couple porte le corps jusqu'à la voiture et roule plusieurs dizaines de kilomètres dans la nuit. Fourniret affirme avoir jeté sa victime dans un puits de dispersion tout proche.
Les parents d'Isabelle Laville s'étaient installés quelques mois plus tôt à Saint-Georges-sur-Baulche, une commune près d'Auxerre. Dès les premières heures, ses parents remuent ciel et terre pour la retrouver. Le lendemain matin de l'enlèvement, débutent des fouilles de grande ampleur. La disparition d'Isabelle suscite une réelle émotion à Auxerre. Les membres du club de foot, notamment Guy Roux et Basile Boli, se mobilisent. La justice est en revanche aux abonnés absents comme souvent à Auxerre dans les années 80 où Emile Louis a pu sévir en toute quiétude.
L'enlèvement d'Isabelle LAVILLE est classé sans suite un mois après les faits. Avec une enquête sérieuse, Fourniret aurait pu être arrêté... Le substitut du procureur, Frédéric Clot, a certes coordonné le travail de recherche des gendarmes, sollicité la presse locale afin que des avis de disparition soient publiés et personnellement suivi les investigations. Mais il n'a, en revanche, pas ouvert d'information judiciaire et donc aucun magistrat instructeur n'a été désigné pour poursuivre l'enquête. Ainsi, le dossier Laville a été classé le 14 janvier 1988. A quelques kilomètres du Palais de Justice, Fourniret, placé sous le contrôle du juge de l'application des peines dans le cadre de sa mise à l'épreuve, ne sera jamais interrogé.
Le 4 août 88, Monique Olivier aborde la jeune Fabienne Leroy que son mari vient de lui désigner. Elle prétend être sur le point d'accoucher et avoir besoin d'urgence d'un médecin. Elle accepte d'aider le couple et monte dans leur voiture. Mais l'homme ne suit pas les instructions, sort de l'agglomération et s'arrête au milieu d'un bois près de Mourmelon. Fabienne est traînée violemment hors de la voiture et violée devant les yeux de Monique Oliver qui reste impassible. Puis Fourniret tire sur la jeune femme à bout portant avec son fusil et abandonne le corps.
En décembre 88, Michel Fourniret est contacté par Farida Hamiche, la compagne de l'un de ses anciens compagnons de cellule, Jean-Pierre Hellegouarch. Ce dernier, après avoir flirté avec les milieux gauchistes, est incarcéré pour braquage et trafic de stupéfiants. En prison, il avait sympathisé avec Fourniret et était son protecteur. Il attend à présent un retour de manivelle et n'a aucune idée de la personnalité de l'homme vers qui il envoie sa compagne. Hellegouarch croie avoir affaire à un ancien détenu inoffensif, un délinquant sexuel misérable.
Il lui demande d'aller chercher un magot, des lingots et des pièces d'or, caché dans un cimetière des Yvelines et de les transférer dans un appartement à Vitry. Il s'agirait du fameux trésor des Postiches, le gang de braqueurs qui a écumé les banques dans les années 80 et est sous les verrous. C'est un Italien, Gianluigi Esposito, un braqueur, qui attendait son extradition qui aurait confié à Hellegouarch le fabuleux secret. Esposito avait été interpellé le 13 décembre 1986 dans un pavillon à Yerres. Il s'y cachait en compagnie d'André Bellaiche, l'un des leaders du gang des Postiches, avec lequel il venait de s'évader par hélicoptère de la prison de Rome. Esposito avait, pendant une vingtaine de jours, partagé la vie des braqueurs, alors traqués par toutes les polices de France. C'est ainsi qu'il aurait appris où les Postiches cachaient leur trésor de guerre.
Fourniret et Hamiche doivent aller creuser dans le cimetière mais une fois terminé, Fourniret réussit à attirer la jeune femme dans un guet-apens. Sous prétexte d'aller chercher des armes, il l'attire dans une carrière de Clairefontaine dans les Yvelines et la tue. Grâce à l'argent tiré des lingots, il achète pour 1,2 million de Francs, le château du Sautou, dans les Ardennes et un studio à Sedan. Fourniret a alors à sa disposition un immense terrain de jeu. Il est, normalement, toujours en mise à l'épreuve et suivi dans sa réinsertion. Q'un ancien détenu fauché achète un château à 600 m de la frontière belge et en espèces n'interroge pas les autorités françaises...
Le 18 mars 1989, Jeanne-Marie Desmarault, 22 ans, est invitée par Fourniret dans sa maison de Floing. Elle a fait sa connaissance, quelques semaines plus tôt, dans le train qui la ramène toutes les semaines chez ses parents et s'est rapidement liée avec le couple qui se prétend fervents catholiques. La conversation prend vite une connotation sexuelle, et Fourniret se jette sur elle lorsqu'elle avoue ne plus être vierge. Il la bâillonne, la traîne jusqu'à la cuisine, l'étrangle et enterre son corps dans le jardin du château de Sautou.
Élisabeth Brichet , jeune fille belge de 12 ans, disparaît près de Namur le 20 décembre 1989. Le couple l'aurait repérée alors qu'elle se rendait au domicile d'une amie et aurait attendu qu'elle en ressorte. Prétextant que leur bébé était malade, Fourniret et son épouse ont demandé à la fillette de les accompagner chez un médecin. Après l'avoir violée, il la tuera 36 heures plus tard. Elle fût enterrée sur la propriété.
Natacha Danais,13 ans, disparaît le 24 novembre 1990 dans la banlieue de Nantes. Fourniret et son épouse s'étaient rendus à Nantes ce jour-là, car Fourniret était convoqué au tribunal. A la sortie de l'audience, le couple croise la fillette sur le parking d'un centre commercial et l'enlève. Le corps de l'adolescente est retrouvé quelques jours plus tard, poignardé, dans les dunes à 70 km de Nantes. A l'époque, un vétérinaire fut soupçonné. Il habitait en face du domicile de la fillette qu'il connaissait et possédait une fourgonnette blanche similaire à celle de Fourniret. Lors d'une perquisition dans son cabinet pour l'affaire Danais, la police découvre trois Basques appartenant à l'ETA qu'il hébergeait. Ce vétérinaire qui s'appelait jean Groix s'est suicidé en prison quelques semaines après son incarcération. Quelque temps plus tard, Hellegouarch sort de prison et se rend immédiatement auprès de Fourniret pour obtenir des explications.
Ce dernier, prévoyant, s'est installé dans un taudis près de Sedan et joue la comédie de la misère. Il dit ne rien savoir de la disparition du magot, ni de Farida Hamiche. Hellegouarch repart alors convaincu que son ami n'a rien à voir avec ces disparitions. Mais la police, pour une affaire de faux papiers, s'intéresse de nouveau à Fourniret et à Hellegouarch. Elle révèle l'existence du château à Hellegouarch, à qui Fourniret échappe de justesse. Il revend précipitamment le manoir en 1992 et s'installe alors avec sa femme et son fils en Belgique à une dizaine de kilomètres de la frontière française. S'en suit une période très mystérieuse pour les enquêteurs puisqu'aucun crime ne peut être imputé à Fourniret dans les années 90 jusqu'en 2000. Une pause de 10 ans qui n'est pas crédible au regard du personnage. Fourniret ne fait ainsi officiellement reparler de lui que 10 ans plus tard.
Céline Saison, jeune femme de 18 ans disparaît en 2000 à Charleville-Mézières alors qu'elle venait de passer une épreuve du bac. Son corps fut retrouvé en Belgique. Mananya Thumpong, jeune fille de 13 ans, française d'origine thaïlandaise disparaît le 5 mai 2001 à Sedan alors qu'elle revenait de la médiathèque. Ses ossements seront retrouvés en Belgique, dans le bois de Nollevaux, à une trentaine de kilomètres de Sedan. Le 26 juin 2003, à Ciney, Fourniret enlève en voiture Marie-Ascension, 13 ans, sur le chemin de l'école. Comme pour ses autres crimes, il utilise la ruse, indiquant à la jeune fille qu'il cherche l'école. Mais à peine montée dans la voiture, Fourniret la saisit brutalement, la ligote, la jette à l'arrière et redémarre. Alors que le véhicule marque un stop à un carrefour, Marie-Ascension réussit à ouvrir la porte arrière et à s'échapper. Prise en charge par une automobiliste, ils croisent alors la fourgonnette de Fourniret qui avait fait demi-tour. L'automobiliste note la plaque d'immatriculation, permettant l'arrestation de Michel Fourniret.
Lors de l'enquête, les policiers belges apprennent par la police française les antécédents de Fourniret. Ils relancent alors les enquêtes sur les disparitions récentes d'enfants en Belgique. Ils sont persuadés que Fourniret a déjà tué. Il se comporte en effet très bizarrement lors des interrogatoires, fermant les yeux et réfléchissant exagéremment. L'enlèvement était également très aguerri. Harcelé par les policiers, Monique Olivier, un an après l'arrestation de son mari, révèle une partie du parcours criminel de celui-ci.
Fourniret, dans un premier temps, nie toute implication dans les 2 derniers meurtres de Céline et Mananya, car il pensait que les autres meurtres avoués étaient prescrits. Il les avouera finallement le 1er juillet 2004 après un long interrogatoire. Le 3 juillet 2004, les corps de Jeanne-Marie et d'Elizabeth sont retrouvés sur la propriété de Fourniret, au château du Sautou. La mère d'Elizabeth fustige la justice qui a libéré en 1987 Fourniret après un procès pour viol et agression sexuelle. Monique Olivier, qui n'était que l'épouse de Fourniret au début de l'enquête, est inculpée en 2005.
Monique Olivier indiquera que son mari avait également tué une jeune fille de 16 ans qui travaillait au pair à leur domicile. Il l'aurait assassinée en 1993 mais cela n'a pas pu être confirmé, ni l'identité de la victime présumée connue. Plusieurs fouilles ont été entreprises en 2004 au domicile des Fourniret et dans les environs mais sans résultats.
Fourniret est également soupçonné d'avoir tué en 1988 Marie-Angèle Domece et Joanna Parrish en 1990. Par ailleurs, il est relié à la disparition d'Estelle Mouzin, dont la disparition correspond parfaitement au modus operandi dont il est coutumier. Une cassette vidéo avec un enregistrement d'un reportage télévisé sur sa disparition avait été trouvée au domicile de Fourniret ainsi que des photos de la fillette sur son ordinateur. La police n'a cependant trouvé aucune trace de l'ADN d'Estelle dans la fourgonnette du tueur. Aucun des cheveux retrouvés ne correspond non plus à ceux de la fillette. Par ailleurs, une heure avant la disparition d'Estelle, à 20h08, un appel téléphonique a été passé du domicile de Fourniret dans les Ardennes au fils de ce dernier ainsi que d'autres appels depuis son téléphone portable, appels qui ont déclenché des bornes en Belgique, ce qui tendrait à l'innocenter de cette disparition.
Plus surprenant, selon le quotidien belge Le soir, des enquêteurs belges auraient établi que Michel Fourniret, a admis avoir passé en 74, année du meurtre de la jeune Marie-Dolorès Rambla, des vacances près de Marseille, région où s'est produit l'enlèvement et le meurtre de la fillette qui valurent à Christian Ranucci d'être condamné à mort et guillotiné en 1976. Une photo d'époque du procès de Ranucci tendait à prouver que Fourniret avait assisté au procès. L'info n'est cependant guère crédible et le Procureur de Charleville-Mézières démentira un lien avec l'affaire. Ces remous n'ont pas laissé insensible Fourniret qui, trois semaines après la fin de l’instruction judiciaire et la signature de son arrêt de renvoi devant les assises, réclamera de comparaître pour le meurtre de Joanna Parrish ainsi que les disparitions de Marie-Angèle et d'Estelle Mouzin. Il prétendait dans sa lettre qu’il «doit des explications» aux familles de ces trois filles et souhaite leur parler. Il s'agissait là plus sûrement d'une manipulation dont il est friand.
Son procès s'ouvre le 27 mars 2008 à Charleville Mézière et dure deux mois. Fourniret refuse de s'exprimer en brandissant plusieurs fois un écriteau sans huis clos, bouche cousue, avant de tendre un exposé au président de la cour.
Dans le document, Michel Fourniret se décrit comme "un être mauvais et dénué de tout sentiment humain". La grande obsession de son exitence est la virginité des femmes. Il racontera aux enquêteurs que la désolation majeure de sa vie était de n'avoir jamais épousé une femme vierge.Ainsi justifie-t-il son éternelle recherche d'enfants et de jeunes filles, qu'il nomme MSP "Membranes Sur Pattes", partant régulièrement «à la chasse». Le procès est bien entendu joué d'avance et ses avocats plaident très rapidement.
Le verdict tombe le mercredi 28 mai 2008 : condamnation perpétuité réelle pour Michel Fourniret et avec 28 ans de sûreté pour Monique Olivier. Monique Olivier part à Valenciennes. Michel Fourniret est actuellement détenu à la maison d'arrêt de la Santé. Ils demeurent mis en examen pour les affaires Parrish et Domèce à Paris et pour l'affaire Hamiche à Versailles. Il n'est pas possible à ce jour de faire un bilan certain des victimes de Fourniret, présenté comme un tueur machiavélique et intelligent. Dahina Le Guennan, présidente de l'association Victimes en série (association d'aide aux familles victimes de tueurs ou violeurs en série et qui lutte contre la prescription de ces crimes) et violée par Fourniret dans les années 80 dit elle qu'il a surtout pu sévir pendant si longtemps par chance et parce que la justice ne s'était pas donné les moyens d'appréhender un tel individu. Fourniret fût, il est vrai, condamné bien légèrement dans les années 80, alors que les expertises étaient éloquentes sur son degré de dangerosité.
La seule chance de libération pour Fourniret avant l'an 2030 (compte tenu des années de détention préventive), sera la libération pour cause de santé ou de fin de vie qui peut être refusée, s'il existe un risque «grave de renouvellement de l'infraction». Il mourra sans nul doute en prison et laisse derrière lui des dizaines de victimes sur plusieurs décennies. Fourniret et Olivier ont divorcé en 2011.
30 ADN inconnus ont été isolés dans la fourgonnette de Michel Fourniret, et plusieurs familles de disparues se battent encore à l'heure actuelle pour que la justice mette un nom sur ces profils génétiques.
Michel Fourniret et Monique Olivier ont été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité une nouvelle fois par la Cour d'Assises des Yvelines en novembre 2018 pour le meurtre de Farida Hamiche. Des révélations de Monique Olivier ont permis de faire également avancer les dossiers Parrish et Domèce.
Mise à jour le 4 mai 2023
Michel Fourniret est décédé le 10 mai 2021, après avoir été mis en examen pour l'enlèvement et le meurtre d'Estelle Mouzin, après que Monique Olivier soit revenue sur l'alibi fourni par Michel Fourniret dans l'affaire (un appel téléphonique à son fils). Avant son décès, Michel Fourniret a fait des déclarations équivoques à la Juge d'instruction, à prendre avec des pincettes, tant Fourniret était adepte des manipulations. Un esprit pervers tel que le sien pouvait fort bien se distraire en faisant espérer un dénouement à la famille d'Estelle. Un adn partiel d'Estelle Mouzin, insuffisant à prouver quoi que ce soit, a été découvert sur un matelas présent dans une maison familiale, où Fourniret aurait pu se rendre après l'enlèvement. Adn partiel signifie qu'il ne s'agit pas de l'adn nucléaire d'Estelle Mouzin. Les nombreuses fouilles n'ont rien donné. Saluons le travail de la juge d'instruction, Sabine Khéris, qui a tout tenté pour résoudre la piste Fourniret avant son décès. A ce jour, l'espoir de connaître la vérité semble de nouveau évaporé.
Virginie IKKY pour Greffier Noir
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